Renoir : l'infortuné,le refusé

03 juillet 2005



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Ce que la femme peut évoquer de grâce, de tendresse, de séduction, de rêve et de coquetterie ; ce qu’elle a de mystérieux et de maladif ; l’indéfinissable de son regard, profond comme le vide ,et le rayonnement de sa chair , sur laquelle « le parfum rode » ; les suavités de ses dix-huit ans , fleuris de désirs chastes et d’espoirs ; ses mélancolies , quand elle va , doucement , les paupières cernées , sous les ombrages d’un parc qui fait , sur ses robes claires , trembler et passer l’ombre violette des feuilles ; ses abandons quand , les reins cambrés , la poitrine émue , elle penche sa tête frissonnante et toute blonde sur l’épaule d’un valseur , et se laisse emporter ; ses attitudes de recherche savante et de provocation étudiée , dans la lumière éclatante d’une loge , alors que ses yeux qui voient tout , semblent perdus au loin dans le vague , que son oreille , qui entend tout , semble inattentive aux paroles qu’on murmure , et que son bras nu repose sur le rebord de velours rouge , un bras délicieux et lourd que les plis du gant recouvrent à demi , et que cercle au poignet un bracelet d’or brun ; les éclats de rire de ses lèvres allumées par le plaisir et les sonores gaietés de ses libres allures ; les souffrances des désillusions trop tôt venues ; les rêveries des idéals qu’on ne peut atteindre ; les inquiétudes des passions qui commencent , et les dégoûts des passions qui finissent ; tout le poème d’amour et de cruauté que chante cet être cruel et charmeur ;ce qui s’offre , ce qui se cache , ce qui se devine , ce qui caresse. Renoir a tout compris, tout saisi, tout exprimé. Il est vraiment le peintre de la femme, tour à tour gracieux et ému, savant et simple, toujours élégant, avec des sensibilités d’œil exquises, des caresses de la main légères comme des baisers, des visions profondes comme celles de Stendhal. Non seulement il peint délicieusement les formes plastiques du corps, les modèles délicats, les tons éblouissants des jeunes carnations, mais il peint aussi la forme d’âme, et ce qui de la femme se dégage de musicalité intérieure et de mystère captivant. Ses figures, au rebours de celles de la plupart des peintres modernes, ne sont point figées dans la pâte ; elles chantent, animées et vivantes, toute la gammes des tons clairs, toutes les mélodies de la couleur, toutes les vibrations de la lumière.
Octave Mirbeau.
« Renoir », in la France,
8 décembre 1884

« Je méprise tous les peintres vivants, excepté Monet et Renoir »

Cézanne, juillet 1902

« Un lundi, après la première classe, pendant la petite recréation de dix heures, un certain Roger s’approcha de moi. Il était le fils d’un gros épicier du quartier de l’opéra. Son père avait une villa à Trouville. Des gens tout à fait « dans le train » ! Les autres garçons firent cercle autour de moi. Roger sortit deux sous de sa poche et me les tendit « Tiens, dit-il, tu les donneras à ton père pour qu’il puisse se faire couper les cheveux » J’aurais du prendre les deux sous et remercier. Mes parents m’avaient appris qu’il n’y a pas honte à recevoir une aumône. Mais c’était la première fois que j’entendais critiquer mon père …. » Et jean Renoir répondit avec ses poings !


« ….je t’en écrirai plus long une autre fois, car j’ai faim, et j’ai devant moi de la barbue sauce blanche. Je n’affranchis pas, je n’ai que douze sous dans ma poche, et c’est pour aller à Paris quand j’en aurai besoin »

Renoir écrivant à Bazille
1868

« je ne crois pas être resté un seul jour sans peindre »

Renoir à la fin de sa vie

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